3/07/2010

Parti pour un Tour



Dimanche 7 mars 9h00. Avenue de l'Indépendance. Bamako. Mali. Le microphone trésaille au son de la voix de Soufiane Coulibaly, speaker officiel. Le Tour du Mali déploie ses ailes. Première édition, premiers frissons. Une à une, les équipes défilent, sont présentées par cet homme à l'humour affirmé. Parmi les éléphants on trouve 'le coureur le plus rapide de l'Ouest, le Didier Drogba du vélo, le Lucky Luke de Côte d'Ivoire. Il roule plus vite que son ombre'. En même temps sur cette Avenue bien dégagée, difficile d'une quelconque ombre déceler.

Les supporters sont venus en nombre. 40 000 personnes le long du parcours. Un groupe de Maliens musiciens, tout en vert, jaune et rouge harangue la foule. La joie crépite dans les regards croisés au gré du hasard. On sent une attente énorme autour de cette grande fête populaire et colorée. La clameur des supporters devrait porter les coureurs sous cette intense chaleur. Le long de la voie, des cris de joie, plein de bambins aux airs coquins. Le départ du prologue, baptisé 'un dimanche à Bamako', est donné. Le circuit tourne autour de l'Avenue de l'Indépendance. Dès le premier virage, un toubabou attaque comme un pauvre fou. Il tient la corde bien peu de temps. Le capitaine de l'équipe du Maroc le rejoint rapidement. Le Marocain, plus puissant et malin, le distance aussi sec. La chaleur s'installe comme la ferveur.

Trois tours couverts. Sept à venir. Le leader appuie son effort et creuse un écart d'1min 17 sec. Soufiane parle maintenant de 'machine de guerre'. 'Une fusée lancée dans la ville de Bamako'. Toute action entraine une réaction. Arrive celle du peloton. L'écart se consume peu à peu pour se stabiliser autour de la minute. La course passionne la foule. Mais comme le souligne le présentateur 'la plus belle victoire du jour ne sera pas la nationalité du vainqueur mais bien d'avoir réussit à réunir l'ensemble de la jeunesse Africaine'. Le succès est assuré. Nul possibilité d'en douter. En marge du vélo, je discute avec Mohammed, jeune homme d'une dizaine d'année. Il rêve de devenir footballeur en France. Me demande si c'est difficile. J'essaye de ne pas briser ses rêves tout en lui donnant une réponse lucide. Peu d'élus. Deux roues ont encore bien du mal à rivaliser avec un ballon rond.

Retour à la course. L'écart est tombé à 40 secondes. 'Le vélo, c'est l'invitation à se dépasser'. Sous 40° Celsius, on veut bien vous croire. 'Le Burkinabé, le Malien et le Français ont décidé de mettre le turbo à cinq tours de l'arrivée'. Aux trousses du fuyard ils sont lancés. Le speaker s'inquiète une seconde 'le capitaine de l'équipe du Maroc a disparu. Est-ce qu'il s'est fait manger?'. Le suspense reste entier. Effectivement, un Malien se rapproche de la tête de course. Les sourires se décuplent, la ferveur monte d'un cran. Les bambins sont rayonnants. Ils lancent tous ensemble des 'du courage!'. La course s'emballe et devient folle. 'Monsieur le Ministre, ça devient de la bouillabaisse, ça attaque de toute part'. Tout le monde décolle et à l'écoute du speaker l'on rigole.

Trois tours à couvrir. L'avance fond comme neige au soleil Malien. 32 secondes. Un Marocain peut en cacher un autre. Dans un dernier effort, le capitaine est rejoint par ses lieutenants. Ils finissent tous les quatre seuls devant. 'La tempête de Casablanca a soufflé sur Bamako'. Et 'pour une fois, ce sont les Européens qui sont en retard'. Le public est conquis, ravi. Remise des prix. Lancé sur des chapeaux de roue ce Tour du Mali. Longue vie à lui.

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