3/21/2010

Ségou la zen



Arrivée en bus. Ces maudits bus surchargés et chauffés à blanc. Cette fois, le trajet depuis Fana, 130 kms, est beaucoup plus digeste. Un ou deux petits arrêts entre les deux villes pour faire descendre des utilisateurs. Quand un bus s'arrête dans un village, c'est un peu de vie extérieure qui lui arrive. Cela sort certainement la population de son isolement. Alors une nuée de petits vendeurs s'engouffre dans les portes du véhicule. Manioc, jus congelé sous plastique, poches d'eau, gâteaux. Un peu de tout et beaucoup de pas grand chose. Le bus soulève un espoir, il sort le village de sa torpeur. Fait s'activer les vendeurs.

Ségou. Descente du bus pour monter dans un taxi. Pendant le trajet en bus, j'avais pensé qu'il pourrait s'avérer judicieux d'attendre la fin d'un parcours en taxi pour en négocier le prix. Quand vous arrivez dans une ville, vous ne connaissez pas les distances. Difficile alors de se mettre d'accord sur un prix à l'avance. Le chauffeur nous emmène sur un km et demi. Il demande 2500 FCFA. A peu près cinq fois le prix que quelqu'un paierait ici. Un peu vexant une fois encore de se faire prendre pour la poule aux œufs d'or. L'homme parle en plus très mal le français, difficile d'argumenter. On donnera quand même 1000 de moins.

Arrivée à l'hôtel qui était censé avoir internet, pas de connexion. Sourire. Normal. On commence à s'y faire. 'Aujourd'hui il n'y en a pas. Demain inch'allah'. Il a bon dos dieu. On lui met tout dessus. Comme ces hommes avec qui nous discutions à Fana. Et qui nous soutenez que c'était bon d'avoir huit gosses. Que dieu s'occuperait d'eux. Et les élèverait. Faut pas pousser tout de même. La piété a bon dos... Donc pas de lien avec l'extérieur. Nous partons arpenter la ville. Aux abords de l'hôtel, certaines rues sont quasi désertes. On y voit de grandes constructions datant certainement de la colonisation. Le guide évoque leur élégance surannée. Gentil. Elles sont en fait complètement décaties. Apparemment habitées mais pas du tout entretenues. Un petit air de western. Villes fantômes où roulent ces bobines d'on ne sait trop quoi. Le soleil a disparu lui aussi. Au dessus du fleuve, on voit comme de la brume. Il s'agit en fait de poussière en suspension. Joli spectacle.

Quelques pas plus loin, l'on se renseigne pour une ballade en pirogue pour se retrouver dans un atelier de fabrication de bogolans. Allez comprendre... Il s'agit d'un tissus traditionnel. Ce sont des bandes de tissus teintées avec des pigments naturels tels que l'indigo ou plus simplement l'argile et la terre. Ici ce sont les hommes qui travaillent. Les tâches pénibles et physiques sont généralement dévolues aux femmes. Comme cent mètre plus loin dans la même rue. Au sortir de leur demeure, deux jeunes femmes pilent le mil. En rythme, elles s'encouragent et frappent de leur grand bâton la céréale recueillie dans un récipient en bois. On se rapproche, elles nous invitent à essayer. Le travail est difficile, encore plus sous ces températures.

Notre chemin nous pousse un peu plus loin. Rendez-vous avec une association de femmes. Elles ont pris le nom de Sabounouma, entraide en Bambara. 44 femmes se sont regroupées afin de pouvoir chacune développer une petite activité commerçante. Qui vend du poisson, qui fait de la couture. Qui de la teinture, qui part au Burkina Faso acheter tout ce qu'elle trouve pour le revendre au marché de Ségou. Elles se réunissent une fois par semaine. Chaque femme doit alors s'acquitter de 300 FCA qui sont mis dans la cagnotte. Elles peuvent chacune demander des micros-crédits de 50 000 à 150 000 FCFA et devront les rembourser au bout de trois mois avec un intérêt de 10%. D'après leur témoignage cela fonctionne et elles en semblent heureuses. Iwona tire leur portrait que nous leur enverrons à notre retour.

Pourquoi ne pas maintenant rentrer à l'hôtel se reposer? Riche idée. Un petit taxi moto et notre salut se profile. Du goudron au Motel, on passe par une sorte de terrain vague sur lequel se déroule le fameux festival de musique et d'arts 'sur le Niger' qui a lieu au mois de février. Il y a aussi un but et une poignée de joueurs de football. L'un d'eux rate sa frappe et le ballon se retrouve dans mes pieds. C'est parti pour une petite partie. Pas besoin de se parler la balle est notre lien. Grand plaisir de partager ce moment avec eux. Même s'il faut avouer que la chaleur attise bien vite la soif et que la gorge se fait rapidement sèche. Qu'importe, nous échangeons avec le sourire des passes et un peu plus. Un dernier but pour la route, il est plus que temps d'aller boire un peu, beaucoup, énormément. Le repos, après cette belle journée, nous attend.

PS: Merci des commentaires ou suggestions que vous pourrez faire. L'interaction a du bon nom de nom!

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