2/09/2010

Océan dans les montagnes



Levés dès potron minet. Il faut aller à la Poste afin d'envoyer le joli tapis berbère acquis hier. Dans nos sacs, plus de place pour un quelconque poids supplémentaire. Un petit taxi pour la Gare routière. A l'entrée encore une fois la criée. Tout ce petit monde veut savoir où l'on va. Ça paraît plutôt sympa. On répond Chechaouen à l'un d'eux qui nous donne du 'seigneur'. Bien trop d'honneur. Il faut le suivre. Un autre nous approche à son tour. Le ton monte entre les deux. Bisbille virulente mais vite surmontée. Notre 'rabatteur de ticket' empochera 10 Dinars pour son aide, 5 de notre part plus 5 de commission sur nos bagages. Quand le petit commerce va, tout va.

A la sortie de Tétouan, une fabrique de ciment. Lafarge. Rassurant. Plus le temps pour l'œil d'accrocher la ville qui s'éloigne. On s'engouffre déjà dans les montagnes. Les routes à flanc de paroi sont aussi tortueuses qu'étroites. Des paysages d'un vert chatoyant embrasent le regard. Quelques habitations isolées. Très isolées. Parfois le long de la voie, de jeunes écoliers, cartables dans le dos, attendent patiemment le véhicule qui les mènera sur le chemin de l'école. Certains ne doivent pas avoir plus que 4 ou 5 ans. Bricole. En s'enfonçant un peu plus dans les hauteurs qui jalonnent le Rif on aperçoit sur les pentes de curieux petit tas de pierres blanches. Pyramidaux. Ils dessinent ce que l'on peut deviner être des lignes. Peut-être une façon de délimiter la propriété? Qui sait?

Après un peu plus de deux heures, le bus monte une dernière cote pour le moins raide. La Porte de Chechaouen est franchie. Il pleut des hallebardes. L'endroit paraît beaucoup plus intime. Extrêmement différent. La cité est perchée à flanc de montagne. Tout de suite frappés par ce bleu azur qui recouvre les murs. Presque l'impression d'être sous la mer. Merveille absolue. Les rues de la Médina montent et descendent. Étroites, escarpées. Elles respirent la sérénité. Dans les cafés, les hommes s'adonnent avec ferveur au jeu de Parshi. Il ressemble un peu aux petits chevaux mais n'en est pas un. Plus nous n'en saurons rien. Un peu plus loin, l'hôtel Nesrine nous trouve sur son chemin. A l'intérieur un grand patio bleu décoré d'art arabo-andalou. Il donne la sensation de se trouver dans l'un des contes des milles et une nuits que l'on nous narré quand l'on était petit. Plus l'on s'enfonce dans le territoire Marocain, plus le prix des chambres baisse. Ici pour une belle chambre bleue, propre avec douche sur le palier, il faut compter 120 Dinars (moins de 12 €).

Plongée dans la Médina. Très peu de gens par rapport à Tanger ou Tétouan. La ville compte à peine 35000 âmes. Le dépaysement est entier. Murs maculés de bleus plus ou moins vifs. Si les habitants sont discrets, les chats se croisent en nombre au coin d'une rue, au soleil dans l'encadrement d'une porte ou perchés sur un poubelle ouverte. Chacun a le droit de se restaurer. Un homme qui travaille la laine pour confectionner tapis, étoles, djellabas et bonnets, nous convie à boire le thé. Et par la même son atelier visiter. Démonstration avec l'un de ses outils de travail pour faire les bobines de fil. Une roue de vélo a été bricolée. Rattachée à un roulement. Parfait fonctionnement. Efficace et rapide. Son travail est remarquable. Il souhaiterait nous vendre l'un de ses ouvrages. Nous n'avons malheureusement pas de place. Il faut savoir être sage. La route est encore longue.

Une petite heure de marche, cela creuse le pèlerin. Rien de tel qu'un petit hamburger Marocain. Ou deux. L'appétit vient en mangeant. Le couscous aux saveurs de cannelle y est également délicieux. Le cadre ravissant. Petites tables en bois recouvertes de tapisseries, banquettes traditionnelles, un fond de reggae pour le tout accompagner. Sortie du petit palais des délices, direction la place Uta el-Hammam. Jolie mais touristique. Au moins une douzaine d'allochtones. Beaucoup de petites échoppes dédiées à ceux qui veulent consommer. Dans un recoin le Hammam. Un jeune homme nous confiait hier que ses prix en fonction du sexe diffèrent. Ainsi les femmes paient plus cher. Soi-disant parce qu'elles y passent plus de temps. Nous dit-il en de amples mouvements mimant. Qu'importe. La ballade continue, mais les pattes commencent à se faire un peu plus lourdes. Pourquoi ne pas rentrer doucement vers l'hôtel? Mais dans l'océan, le navigateur peut à tout instant s'égarer. Ce dédale de petites ruelles peut vite se transformer en un labyrinthe redoutable. On tourne, retourne. Du juste chemin l'on se détourne. Après être passés à plusieurs reprises aux mêmes endroits, tout en suivant les indications de bonnes âmes, une personne nous place dans les mains d'un jeune bambin. D'aspect très modeste, il semble avoir 7 ou 8 ans. Suivons son rythme effréné. Le garçon est un homme pressé. Quelques minutes puis le retour en terre familière.

Un dernier commerçant nous alpague. Cela prendra une minute. Et cela lui ferait tant plaisir. Comment résister? L'homme est chaleureux, optimiste, joyeux. Un personnage. Il nous montre ses herbes magiques. Pour la vigueur de la gazelle et du gazeau, la digestion, la douceur des cheveux et de la peau. Une herbe pour chacun des maux. L'on repart avec de la menthe des montagnes qui se fume pour lutter contre le rhume. Inspirer par la bouche, par le nez expirer. Sans oublier le mélange d'herbes qui tient lieu d'infusion. Superbe journée dans une ville extraordinaire. Typique, charmeuse, paisible, fameuse. Quelques gouttes de pluie ne gâtent pas l'embellie. Peut-être un bus pour Fès nous attend demain matin. 4 heures et demi en maintenant le cap au sud. Mais demain est un autre jour.

4 commentaires:

  1. Merci de votre blog! Quelle joie de savoir que tout va bien et de vous suivre au jour le jour! Je vois qu’Internet est partout ! Ouf !
    Ton style est excellent Bab, on retrouve l'ambiance du Candide. On oscille entre rire et impatience de connaître la suite. Une narration rudement bien menée, c'est un vrai plaisir de suivre vos aventures!
    Profitez bien, mille baisers pimentés, Elise.
    PS avez-vous le temps de lire vos mails ou pas?

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  2. Gab, Iwonka,

    I`m so happy that you guys are taking it all in!
    Beautiful words, not all understandable to the half-wit of the Belgian`s French knowledge...on top Maya is asking me to translate, ja pierdole, je peux te dire, c`est pas donné...

    Nous on va de toute facon suivre votre route, ca fait vraiment plaisir!!
    Keep writing, bro`

    Hugs,
    Peter

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  3. Yeah it's an amazing start of adventure. All our apology if the style can be sometimes trudno. Ale jest jak jest ;) Glupoty ale nie ;)
    Thanks for your words, good to hear that you're following the trip. Big hugs to all the Stoffels family

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  4. Olala! I try to follow you and I am here now... a bit late, he..? ja pierdole, trudno, trudno, dictionary always with me:))
    best in Mali! Dojade tam w przyszlym tygodniu:)
    Marta

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