2/24/2010

Plongée dans la réalité



T'as voulu voir Dakar et on a vu Dakar. T'as voulu voir Bamako, on est allés à Bamako. T'as voulu voir l'Mali et on a vu l'Mali. En l'absence d'une ligne de train entre Dakar et Bamako, il ne nous restait plus que l'option du bus. Notre accompagnateur à Dakar nous a conseillé de prendre le même que sa sœur qui se rendait également à Bamako. L'idée est rassurante et même s'il faut rajouter 5000 FCFA en plus des 25000 par personne pour le trajet, nous prenons donc nos billets. Sur la durée du trajet, les informations divergent. De 24h à 50h en fonction de l'optimisme du quidam. Pour la fiabilité, repassez.

Le départ est prévu dimanche soir à 22h. Rendez-vous à 20h30 au pied du grand stade de Dakar. Bagages en soute, nous disons au revoir aux gens que nous avons connu ici. Non sans un léger pincement. Sans doute reviendrons nous. Peut-être en mai, pour le festival de jazz de Saint-Louis. En attendant nous voilà dans le bus, on discute avec un jeune toubab qui parcourt l'Afrique de l'Ouest en long, en large et en travers. Les routes sont assez détériorées. Alors le bus zigzague sur la voie pour éviter les trous. Véritable slalom géant. La nuit arrive mais le sommeil nous fuit. Impossible de s'endormir dans cette position recroquevillée. Il faudra veiller et sur nos ressources vitales compter. Nous avions fait une réserve de 4,5 litres d'eau. Elle part bien vite en fumée. Il fait si chaud. Plus on s'éloigne de Dakar, plus la température monte.

Le lendemain matin, le car commence à perdre de l'eau. D'abord un peu. Puis de plus en plus. Un premier arrêt pour réparer. On repart et on s'arrête à nouveau une demi-heure plus tard dans un petit village de brousse. Là on ne le sait pas encore mais nous allons passer 7 heures dans ce lieu. On démonte le radiateur, on tente de le réparer. De notre côté, petite bataille Corse puis Ripkipkip entre toubabs. Après un peu plus de cinq heures, un autre bus arrive à notre rescousse. Gros ouf. Les gens de la 'compagnie' commencent à transférer nos bagages d'un bus à l'autre. Un peu prématuré. Ils ne se sont pas entendus sur le prix. Le ton monte. Les bagages sont ressortis. La négociation reprend. Les bagages sont remis. Quel gain de temps. Enfin, nous repartons pour de bon. Dans un bus d'une lenteur extraordinaire. On ne dépasse pas les 50 km/h. Bamako se rapproche, mais tout doucement. Les paysages sont assez désertiques. Quelques buissons, Baobabs et parfois de petits villages composés de cases traditionnelles. En route certains récoltent les fruits du Baobab avec lequel on fait l'excellent jus de Bouye. On le casse et on mange l'intérieur. Certains l'appellent l'Imodium Africain.

Ainsi passe la journée. Dans un bus surchauffé. Quelques pauses par-ci par-là. Un peu plus frustrantes à chaque fois. Les personnes mettent tant de temps pour remonter dans le bus. Le chauffeur fait d'ailleurs mine de repartir en en oubliant quelque-uns. Pour les bouger un peu il commence à rouler. Là le car entier crie de concert pour dire qu'il manque du monde. Le chauffeur s'arrête. Le ou les retardataires remontent... En soirée, nous arrivons à la frontière entre le Sénégal et le Mali. Il faut se plier aux formalités. Les autorités récoltent les passeports, partent les étudier, puis nous appellent un par un. Entre le Sénégal et les 30 premiers km du Mali, nous sommes arrêtés comme cela à trois reprises. Les gens du bus doivent d'ailleurs s'acquitter d'un bakchich au moment où on leur rend leurs papiers. Nous pas. C'est étrange. Je commence à ressentir les premiers signes de fièvre. La fatigue, la promiscuité avec tous les voyageurs, le manque de nourriture consistante. Pour tout dire, le trajet commence à s'apparenter à un voyage au bout de l'enfer pour moi.

Personne n'est capable de nous dire quand l'on va arriver. Ni où exactement le bus nous déposera à Bamako. On s'arme de patience et l'on se dit que l'on se reposera quelques jours à notre arrivée. Alors que nous approchons de Bamako, un dernier événement vient perturber notre avancée. Un scooter passe un peu trop prêt. L'accident ne peut être éviter. Une petite heure de discussion... Finalement, nous arrivons mardi vers les 10 h du matin. Après un périple de 36 h en bus. Nous avons changé deux fois de véhicule. L'affaire a été très rude. Nous sommes extrêmement fatigués après avoir dormi peut-être une heure ou deux en deux nuits. Les petits-enfants d'une patiente de mon père, expatriés ici depuis presque trois ans, nous accueillent fort gentiment. Je tousse, me mouche tout le temps, je suis brûlant. Le thermomètre confirme. 39,5 degrés. C'est à peu près aussi la température extérieure. La chaleur semble ici beaucoup plus étouffante qu'à Dakar. Nous voulions voir Bamako, nous y voilà.

3 commentaires:

  1. He mon p`tit Brel, je m`imagine que tu prends soin d`Iwona, oublie pas de prendre soin de toi-meme aussi, hein!
    Belles histoires...je me rappele d`ailleurs tres bien les contacts `commercants`, c`est impossible d`effacer les dollars de tes yeux...

    Big kiss to you and Iwona from Maya, Frederic and myself!

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  2. Oui oui j'essaye de prendre soin de moi aussi ;) J'ai d'ailleurs arrêté de fumer depuis deux jours maintenant. Les poumons crient merci. On pense fort à vous. Je lis 'Siddhartha' d'Hermann Hesse, je ne sais pas si vous l'avez lu mais je vous le conseille vivement. Co u malego? Wszystko w porzadku? Maja czuje sie dobrze? A ty? big hugs guys, thank you for reading ;)

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  3. Hi my friend Gabgab ! Si j'étais africain, c'est ainsi que je te nommerais ! Bon, je vois que tu commences à piger les dures réalités africaines.Allez, courage et persévérance...ce sont toujours les meilleurs moments dont on se souvient après! T'as plus de fièvre j'espère?? J'ai aimé ta photo de la mosquée aussi à Casa où j'ai donné une longue formation MTraining en 2009 aux cadres des ports marocains. A bientôt. T'embrasse ainsi qu'Iwona que je serai ravi de connaitre un jour Pierre

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