2/12/2010

Sacré Salé



Réveil dans la brume. L'esprit, pas la météo. Pourtant pas veillé tardivement. La fatigue inhérente au voyage et aux multiples sollicitations à longueur de journée probablement. Bref, tellement dans les vapes qu'arrivés à la gare (de train pour une fois) je m'aperçois que je n'ai pas rendu la clef de l'hôtel. On sollicite un taxi pour faire l'aller-retour vite fait. Le chauffeur nous dit qu'il connait bien cet hôtel et qu'il passe la rendre pour 10 Dinars. On ne réfléchit pas. On lui donne la clef et la pièce. Gageons que l'homme sera honnête et ramènera comme il l'a dit l'objet de l'oubli. Dans le train jusqu'à Salé, aux portes de Rabat, le doute s'installe dans mon esprit. Nous aurions dû ramener cette clef nous-même. Le fait est que l'on perd un peu ses repères ici. Alors parfois l'on ne réfléchit pas suffisamment. Ou simplement différemment.

Sur la route, l'on voit des scènes pour le moins étonnantes. Mon regard s'est arrêté sur un moyen de locomotion assez atypique. Sorte de fiacre. Pont entre passé et modernité. Une cabine de camion routier a été placée sur un attelage et est tirée par un cheval blanc assez malingre. Effet garanti. Le paysage défile et avec lui son lot d'étonnement. Le long des voies on voit parfois de petits hameaux faits de bric et de broc. Les toits sont de simples bâches ou de la tôle ondulée. Les murs quand ils existent sont à moitié défoncés. Beaucoup de détritus le long des rivières et des rues. Même au bord de la Méditerranée à Rabat on en trouve. L'écologie ne semble pas être la priorité. Ce qui parait compréhensible.

Descente en gare de Salé. Taxi pour la Médina. Cette petite ville côtière semble assez décatie. On tourne pendant une quinzaine de minutes afin de dénicher un hôtel. Puis un homme d'un certain âge nous accoste. Les présentations faites, il nous explique que la ville ne fait pas grand chose pour le tourisme. Que les personnes qui la dirigent se concentrent essentiellement sur leur argent et leur villa. Tout cela pour aboutir à la conclusion qu'il n'y a pas d'hôtel ici. Mis à part un complexe hôtelier plutôt luxueux d'après notre informateur. Qu'à cela ne tienne. Marche arrière toute. Retour à la gare départ. Même pas besoin de reprendre un billet car les nôtres allaient jusqu'à Rabat.

Pas d'attente, le train arrive derechef. A la bonne heure. Quelques minutes plus tard nous voilà dans la capitale administrative. Hôtel dans l'ancienne Médina. 120 Dinars la nuit. L'aubergiste nous confie la 14, proclamée 'chambre des européens' car un grand lit double elle contient. Inspiration. Expiration. Repartis se balader dans la ville. On fonce vers la côte. Nous pénétrons dans un cimetière. Iwona commence à faire des photographies. Soudain un homme nous interpelle. Vite rejoint par une dame remontée. Ils nous notifient qu'il est interdit de prendre des photos dans un cimetière. Pire, il est même interdit pour nous d'y pénétrer. Tout cela selon les dires de la dame. Étonnant pour la présence. Je ne pense pas qu'elle disait vrai. Qu'importe. Un phare le long de la mer nous interpelle. L'appel du large. L'eau est plutôt déchainée. Des déferlantes d'un mètre cinquante deux mètres.
École de surf. Des écoliers dans les vagues appliqués. Entrée dans la Casbah qui longe la côte. Un homme commence à nous suivre et à nous raconter l'histoire des pavés. On aimerait juste se promener. Mais il est déterminé. Crée au 12e siècle, la Casbah abrite des familles européennes et même américaines. Au bout de quelques minutes, le passant déguisé en guide nous annonce la suite de la visite et précise en baissant le ton de sa voix que ce sera 120. On demande plus de précisions sur la nature de ces honoraires. Refus. Il demande quand même quelque chose. On lui donne. Il nous parle d'aumône. L'affaire devient un brin énervante.

Retour à l'hôtel par d'autres petites ruelles. Peut-être s'agit-il de fatigue mais j'ai trouvé la journée moins dorée. Sans doute aussi car il s'avère difficile d'échanger réellement avec les personnes que nous rencontrons. Notre aspect européen nous associe automatiquement à l'argent. Et si nous avons effectivement rencontré jusqu'ici plein de gens charmants, la relation reste la plupart du temps commerciale. Il ne s'agit pas de le déplorer, car nécessité fait loi. Ce pays reste pauvre et nous représentons un bénéfice possible. Simplement l'on aimerait mieux discuter plus avec les gens. Comprendre plus justement de quoi retourne leur quotidien. Quelles sont leurs espoirs ou leurs aspirations. Mais notre périple Marocain ne touche pas encore à sa fin. D'autres belles rencontres nous attendent sur le chemin.

2 commentaires:

  1. J'aime beaucoup cette photo : j'imagine ce minaret de la mer qui cache , mais pas vraiment, deux jeunes gens peut-être amoureux placés du petit coté "mer" de la liberté. Comme un jeu d'opposition entre la verticalité du phare et l'horizontalité de la Méditerranée...contraste de la masse, des couleurs.Vos texte et photos nous font rêver et voyager. A bientôt de vous voir et vous lire, avec plaisir !

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  2. yeeep.. similar experience in Nepal.. BUt I really believe that if I would have stayed longer there it would be closer and closer to "real" people.. but you're right - they wait for you:)) bons rencontres avec eux!

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