2/20/2010

Yoff



Voilà une poignée de journées que nous avons pris nos quartiers à Yoff en bordure de Dakar. Petit village traditionnel de pêcheurs, les Lebou. Maîtres de l'Océan et de ses courants. Les vagues ici tutoient parfois les trois mètres. Avec cette chaleur, environ 30 degrés, l'on aimerait se baigner. Mais l'élément en impose et une certaine maîtrise il suppose. Ouzin, notre guide ici, rencontré par l'intermédiaire de Tapha notre tuteur et chauffeur de taxi, nous a dégotté une chambre à l'Académie des Arts Léopold Sedar Senghor. Ici se trouvent également les studios de Pentagone Productions. Production audiovisuelle, studio d'enregistrement, institut de formation en musique, danse, arts plastiques, stylisme, art dramatique, management culturel, technique audiovisuelle et photo. Un projet que son directeur Nöel Agossa a porté à bout de bras. Un homme charmant et déterminé, toujours entre mille projets.

Le temps ici s'écoule doucement. Bercé par le son de l'Océan. On découvre petit à petit le charme parfois frustrant du rendez-vous Sénégalais. Pour le 'je passe dans 5 minutes', compter une bonne demi-heure. Une rencontre dans une heure, prévoir aisément le double. Il convient de s'y adapter. Essayer de faire d'autres choses en attendant. Sachant que la ponctualité n'est jamais au rendez-vous. Mais ce n'est qu'un minime aspect de la vie ici. Les gens sont d'une bonté, d'une hospitalité et d'une curiosité sans borne. Quel bonheur profond de voir et d'entendre ces gens qui se saluent dans la rue. Vous interpellent et vous questionnent. Ici, on salue l'inconnu que l'on croise dans la rue. Comme cela se pratiquait dans des temps oubliés en Europe. Hier nous discutions avec le frère de Khady, la future femme d'Ouzin. Il nous narrait avec ironie comment à son arrivée en France il saluait les gens en ville. On le regardait alors comme quelqu'un ayant perdu tout sens de la raison.

Train ou pas train? Telle est la question. Depuis notre arrivée à Dakar, nous avons essayé de déterminer l'existence ou non d'un train pour le Mali. Pas une mince affaire. Une première approche de la gare de Dakar, place des Tirailleurs, nous donnait à penser que de train il n'y avait plus. Gare fermée, devant être transformée en musée. Loin de renoncer, nous demandons un peu partout où nous passons. A l'ambassade, l'on nous donne du 'j'espère bien qu'il y a des trains'. Paye ta fiabilité de l'information... Une lueur d'espoir rejaillit quand même. Du coup je demande à Noël qui m'a l'air d'une personne renseignée. Gentil comme tout, il appelle une amie à lui. D'après elle, des trains pour Bamako circulent bel et bien. Qu'à cela ne tienne, nous gagnons à nouveau la gare pour confirmer ses dires. Là nous pénétrons dans l'enceinte afin de demander directement aux personnes qui semblent s'occuper des wagons. Cruelle déception. De train il n'y a plus depuis presque un an à cause d'une tempête qui à causé des dommages sur la voie et les wagons. Nous aurons malgré tout la chance de faire la visite du train express qui va à Thiès. Avec explications du patron et de l'ingénieur Indien. Échange délicieux avec ses messieurs. Avec l'indien nous troquons même une pièce polonaise contre une devise de sa contrée. Nous avancerons même de quelques mètres sur la voie car le train est en réfection. En sortant de celui-ci, nous croisons des hommes qui se battent pour la sauvegarde de la gare. Supportés par Sud-rail en France, qui leur a fourni un support logistique (tracts, banderoles), ils espèrent pouvoir continuer à la faire vivre. Espérons que le gouvernement les entendra.

Hier après-midi, visite de l'île de Ngor avec Khady et son petit. Traversée mouvementée en pirogue. Amerrissage sur ce petit bout de terre paradisiaque. Toure Kounda et France Gall y ont élu domicile. C'est pour dire. On fait un petit tour, s'arrête à une galerie de peintures, puis sur la plage pour boire un verre. Pendant que nous sirotons notre Coca, le fils de Khady tombe sa chemise et pars à la pêche aux oursins. Fructueuse. Le repas du soir sera agrémenté de ses succulents mets. Il faut s'en retourner car Ouzin et son ami Aliou donnent un petit concert à l'Hôtel Via Via. A deux pas de chez nous. Là le contraste est saisissant. D'un côté le groupe Yakaar qui distille plusieurs morceaux sublimes, tantôt calmes, tantôt plus rythmés. De l'autre, quatre Toubabs (blancs) littéralement scotchés à leur ordinateur alors que sonne l'heure des chanteurs. Ils n'entendent même pas la mélodie. A peine lancent ils un regard blasé de temps à autre. Quelle tristesse. On applaudit pour deux.

Quelques morceaux plus loin, il faut partir pour la seconde partie de soirée. Concert au restaurant Le Taureau plus près de Dakar. Taxi, transfert, set up et c'est parti. Enfin presque. Le micro tousse un peu. Il ne répondra plus. Aliou devra forcer un peu plus sa jolie voix. Pas de bol, il est enrhumé ce soir. Les musiques s'enchainent et le public s'emballe. L'attention et le succès sont ici au rendez-vous. Ils joueront de 21h environ à presque 1h du matin. Magnifique soirée. Avec de délicieuses petites brochettes de viande marinée pour l'estomac combler. Il est tard, il faut rentrer, un petit taxi et la nuit pourra commencer.

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